mardi 13 janvier 2015

Charlietruand


Moi ce que je pense, c'est que Amedy Coulibaly a été surpris par un accident et que, n'ayant absolument rien à perdre de cette vie de merde, il a buté un policier municipal qui venait mettre son nez dans ce carambolage, sans doute sur un coup de nerf. S'étant vu acculé par son geste à devoir des comptes à la justice, alors qu'il avait jusqu'à présent réussi à passer à travers ses mailles, il s'est dit qu'il ne lui restait plus rien à vivre : il est devenu ce que les médias et le gouvernement nomment : un "terroriste", alors qu'il est devenu un "Jamais ! plutôt crever ! et pas seul…"

Ce que je veux dire, c'est que la haine que cet individu a envers la société, a été orientée vers un supermarché casher, car c'est là que se situait pour lui la source de SA misère : quelle idée stupide de s'en prendre à un supermarché casher tant cette idée manque de brillant pour un "terroriste" : sans faire dans le macabre, le massacre de CH… Et il s'est dit qu'en reliant le massacre de Charlie Hebdo à celui qu'il était en train de perpétrer, son action aurait plus de ce brillant puisqu'il faisait alors parti d'un groupe, d'un ensemble détenant une certaine cohérence ; que ce simple spectre de la cohérence allait encore flotter au dessus de ses ennemis un bon bout de temps.

Sa haine, c'est tous ces gens qui l'empêchent d'être libre, c'est à dire de se retrouver sans cesse en butte à la richesse qu'il ne peut avoir et pour laquelle il se devrait de travailler dur et pour quasiment rien, et aux ennuis qui suivent cette géhenne, l'antithèse de l'amour qu'il ne sait pas atteindre. C'est le geste d'un être qui s'est senti perdu bien avant l'avoir produit, longtemps en amont, et il le dit dans cette vidéo faite en prison.


La prison de Fleury-Mérogis filmée par des détenus par lemondefr

Il s'agit d'un simple truand, comme cette société en produit en masse, qui a trouvé, en prison (Casanova affirmait que c'était le seul endroit au monde où il était permis de prier !) un repos à son angoisse en prenant une religion, une communauté qui lui donnait raison, à la fois parce qu'elle est "opprimée" (tandis que lui subit la prison) et à la fois parce qu'elle peut opprimer en déculpabilisant.

De plus, même si cela va faire grincer des dents, ces gens-là, poussés au bout d'une certaine misère, meurent pour une cause, même indirectement, alors que nous mourrons sans fin pour une cause qui n'est pas la nôtre et est beaucoup plus impersonnelle : le capital.

Ce qui éveille ma curiosité, c'est la véritable censure qui entoure la (ou les) vidéo qui a été faite comme revendication ; aussi bien le dialogue qu'il y a eu avec les deux frères et BFMTV, que celle avec une radio périphérique et le truand, car elles sont systématiquement tronquées ou invisibles. De même, ce que je ne comprends pas est le pourquoi les deux frères n'ont pas été pris vivants : ils se sont fait eux aussi massacrés, comme le type du supermarché : à voir la vidéo, au lieu de le capturé quand il tentait une sortie, ils lui ont envoyé plus de 30 balles.

D'autre part, selon notre premier ministre, il n'y aura pas de French Pact, et pourtant, plusieurs mesures "exceptionnelles" vont être prises (dans cette dernière, on y apprend que le Renseignement se paye de 1,3 milliards... : combien d'écoles ?). Et tous ces ploucs de sénateurs et députés, sentant le souffle du boulet attisé par leur couardise, d'applaudir le massacre de nos libertés en entonnant dans leur fort le champ de la nation : "Allons enfants de la…". Il faut que l'État "protège" ses citoyens : tu parles, Charlie ! faut pas paniquer le goyo qui paye les impôts, il faut le rassurer (alors que seuls 17% craignent un sursaut du terrorisme), leur faire bien penser que le gouvernement prend tout en main, a tout en main et maitrise tout et que les mesures déjà drastiques qui ont été prises (comme pour la croissance, le chômage, la finance, etc.) se sont avérées nullissimes ! et depuis des décennies. Faut surtout pas que le citoyen devienne responsable de sa propre vie, de son existence, de celle de ses enfants qu'il abrutit comme l'ont abruti la pub, sa soumission au salariat et les discours de ceux qui règlent sa vie !!!

Et de cette manière de penser qui veut absolument trouver le chef, loin de l'éducation, les prisonniers vont être isolés davantage, refusant de penser que ces gens ne sont pas la mèche de la bombe, pas même l'étincelle, mais font parti de cette bombe sociale, personnification du pourrissement de la vie par la marchandise, le spectacle de nos politiques, le chaos des interprétations qui dissimulent l'avilissement de nos intellectuels à ce système de froidure, de solitude et de l'implacable calcul égoïste ; et que de les mettre à l'isolement, ne changera rien : c'est comme la "liberté d'expression" de Charlie Hebdo : il suffisait qu'on sache que ce journal était là, peuplé par des gaillards, pour qu'on se dise qu'elle se fait plaisir d'exister alors qu'on l'ignore. On ajoute sans fin de la misère sur la misère ! toujours ! c'est un mode de gouvernement.

On fait un foin de ces policiers morts pour nous "protéger" : mais combien de morts, déjà, n'ont-ils pas pu ou su protéger, ces policiers… de combien de morts sont-ils eux-mêmes responsables, et tiercement, combien de morts comme accidents du travail dans le bâtiment, dans l'industrie, ne serait-ce que le même jour ? 9 ! par JOUR. On comprend que c'est bien pour maintenir l'Ordre qu'on choie la police, pas pour le service rendu aux gens. Mais on voit bien dans ce schéma que la voiture de police a reculé devant les truands (et depuis, une autre vidéo a été mise en ligne par Reuters, à partir de 1'35"), de plus de 200 mètres de sorte que ces truands puissent s'enfuir au lieu de reculer et, en mettant leur voiture en travers, de coincer la rue, et de se protéger derrière leur voiture de "police". Car ce sont bien ces policiers qui font les contrôles au faciès, forts de leur autorité, en plaçant le suspect, dans les gares, tous les jours, contre les murs : là, ils sont forts... et ils vont se déplacer comme des paons, ces policiers, protecteurs de la population. Et puis, on verra bien à quoi correspond cette protection policière lors de la prochaine grève, lorsque le gouvernement "protecteur" enverra les CRS, lorsque le préfet commandera les GM pour les protéger d'eux-mêmes !!!

En résumé, faire d'un truand acculé au désespoir un "terroriste", arrange bien nos gouvernants qui émettent, eux, ce jugement, voilent la marchandise et son spectacle, la pub et son ragoût et cela permet surtout de ne rien changer à la CAUSE de tels comportements socialement aberrants. Aujourd'hui, demain, on se retrouve dans la même mouise, à moins qu'on veuille s'en sortir et il ne faudra alors compter que sur nous-même.

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