dimanche 22 janvier 2012

Des chais de vin sans angoisse


Enfant — fille et fils — du cosmos qu'il ressent comme vide du fait d'avoir perdu sa propre conscience transmutée en inconscience, il se rejette dans la pensée pour en faire le rêve pur, exempt de déchet ; et si ses dieux font des erreurs, c'est qu'il n'aura pas su les comprendre. Amusant, non ? Il n'y a qu'une seule chose qui comble cette sensation de vacuité, c'est la poésie, l'amour. La poésie dans ce qu'on nomme les arts lorsqu'ils sont séparés de l'appropriation sociale de l'émotion collectivement ressentie, l'amour pour ce qu'il a d'ancrage charnel et quand je parle « ancrage charnel » je pense « neurovégétatif ».
Selon un phénomène que Robert Graves a observé se rapportant à l'inversion de l'interprétation d'une explication auparavant donnée du monde humain (compréhension, description, dessin, interprétation du dessin en dessein), la recherche de la perfection dans la pensée qui se voudrait pure de tout déchet, s'est inversée, une fois « acquise », en recherche de déchets de la pensée ; en d'autres mots, ce qui était une recherche de la pensée exempte de déchets (malveillance, méchanceté, jalousie, meurtre, etc.) c'est transformée en pensée de la gestion des déchets : considérer la malfaisance, etc., comme un déchet de l' « esprit » en tant que moyen de communication du point de vue de la gestion des déchets : pour aussi pures que soient les esprits, ils produisent CE déchet humain... ou au moins, ce qu'on en attendait de bonheur possible, parce que précisément ces purs esprits sont dépourvus de sexes.
Ainsi, l’humanité SE réfléchit (elle est son propre miroir dans sa réflexion) dans les images présentes, cette recherche des pensées pures, ainsi elle SE montre dans sa perspective. En cela, je rejoins Karl Marx : ce n'est pas ce qu'en entend une personne de soi qui importe (interprétation qui sera toujours à son avantage), mais bien ce qu'elle fait, produit et la relation, pour un tiers, entre ce qu'elle interprète de soi et ce qu'elle produit. Aujourd'hui, les capacité de production sont mille fois supérieures à ce que cette société pense d'elle-même, en matière de bonheur, car ce n'est pas son objet.
La pensée pure comme gestion des déchets ne peut qu'aboutir à l'impasse d'elle-même, car elle en arrivera à ne plus se considérer, elle, que comme déchets et à oublier qu'elle est LE déchet d'elle-même : le résultat est le même, mais, en tant que moment d'évitement qui se perdure comme pur, le déchet comme réalité matérielle est de plus en plus présent pressant.
Cette recherche de « pureté » — signifiant l'exode dans la sphère des déchets de la satisfaction issue de la sexualité — ne peut que mener à se mordre la queue, comme une balle rebondit sur un mur au détail gigantesque que ce mur est cette pensée. Ce mur est l'impureté de la pensée conceptualisée comme pouvant être pure. Il est impératif de pouvoir comprendre ce phénomène de la pensée qui se court après elle-même lorsqu'elle se désire pour elle-même en tant qu'esprit, fantôme, déracinée, arrachée de la sexualité et de ses sensations ; la manière dont la pensée se veut « prison » (qu'elle construise des murs) du fait qu'elle se désire « pure » alors que l'objet de cette pureté n'est que l'exemption de la sexualité et des sensations qui s'y rattachent, comme « impure », de sorte qu'on puisse comprendre et saisir la modalité de la pensée et ses limites — les murs — de sa réalité, son impureté. Vous saisissez ?
La recherche de la pureté de la pensée correspond finalement à une gestion de l'angoisse devenue trop prégnante ; et cet excès d'angoisse construit ses limites, ses murs à partir d'elle-même, de son énergie matérielle, de sa réalité. Cette tension angoistique est par définition toujours supérieure à la tension angoistique de l’environnement et doit y retourner, comme détente, pour peu qu'elle lui soit inférieure en tension ; elle arrive, sinon, à trouver à se prémunir d'elle-même par la construction de méthode de gestion (d'autres auraient dit une « idéologie ») de cette angoisse qu'on ne peut maîtriser.
L’angoisse, comme toutes les tensions, cherche à se résoudre, se dissoudre. Lorsque l'entité organique détentrice d'une tension angoistique croisante ne réussit pas à réaliser en « pensée » l'objectivité de son existence. elle tendra à solutionner (mettre en solution, dissoudre) cette tension par la maîtrise, la tension musculaire, qui s’objective dans les « murs » de la pensée. Elle demande alors à se retrouver dans la réalité et poursuit cette tentative de solution dans le regard qu'elle porte sur le monde à travers la trémie de cette méthode, la douleur que cette tension angoistique individuelle, en la rendant sociale — l’humain n'est pas seulement un animal grégaire, il est un animal agrégeant. Il est important de comprendre ce phénomène, car c'est sur lui que se fonde les plus terribles maltraitances issues de la pensée pure, les fascismes, tyrannie, polices et autres crimes d'argent à la fois par la manifestation d'un cadre dans la personne d'un être qui maîtrise (soit-disant) cette angoisse et dans les gens qui y voient une méthode de calmer la leur ; et on remarque que, partout, il s'agira d'exempter la vie de l'origine de cette angoisse : la demande irréfrénable de satisfaction sexuelle éloignée d'elle-même par l'angoisse excessive.
Cette tension angoistique est insupportable lorsqu'elle n'est pas dissoute dans et à travers sa propre solution lorsque s'y ajoute un passage du temps de plus en plus long. Elle en vient à tenter de se prémunir d'elle-même et cette prémunition relève d'une méthode civilisationnelle, d'un mode opérationnel inhérent à une civilisation (religion, magie, rapports amoureux, marchandisation, le fétichisme en général). Ainsi, la circoncision est une méthode pré-antalgique de la perte irrémédiable de plaisir amoureux sexué, une anticipation de ce qui est devenu impossible en pensée pure. La pensée pure est une méthode d'anticipation de l'impossible devenu pur, une méthode de penser impossiblement le pur possible. En cela, la pensée, comme phénomène naturel lié à l'existence commune organique, ne diffère pas de beaucoup des autres animaux : le différé, l'indirect et l'anticipé, mais arrivé à un tel point qu'elle se réfléchit, qu'elle se reflète sur elle-même, qu'elle voit en elle un miroir tandis qu'elle n'est qu'elle-même : le miroir n'existe pas ! Ce qui existe, ce sont les sensations issues de la pensée elle-même issue des sensations, etc., le cycle de la pensée ancrée dans la réalité. La conclusion est que l’humain a peur de la réalité parce qu'il ne maîtrise pas l'angoisse qu'elle suscite en lui : il a pourtant inventer le vin !
La tension angoistique veut se retrouver dans une société anxiogène qui va justifier le taux de tension de l'anxiété. De ce cercle d'angoisse, est-il possible de s'extraire, de sorte que la tension angoistique ne veille plus trouver sa justification dans une société anxiogène ? Pour trouver et comprendre l'angoisse, celle-ci doit être d'une tension telle qu'elle se puisse aborder avec calme, car, doxalement, l'angoisse ne peut pas se supporter et pouvoir se comprendre, sinon que d'une manière différée, indirecte pour satisfaire une anticipation de cette tension : l'angoisse hait l'angoisse, ce qui la suscite sous peine de lui faire monter la tension. Il ne faut pas seulement le savoir, il faut le comprendre, le saisir neurovégétativement, avec ses tripes où se localise, bien sagement, le courage.

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